La musique, fil conducteur d’une exposition chez l’habitant, envahit la bâtisse jusqu’au fond du jardin. Cinq grinçantes épines dorsales trônent à l’entrée. Elles nous accueillent sous le porche de la maison familiale et résonnent avec la guitare électrique d’Eddie Van Halen. Nous approchons la rumeur hard-rock, comme une évidence, une correspondance idéale. Les sculptures en plâtre reposent sur un porte-guitare noir. Elles composent une nouvelle danse macabre dont les personnages, réduits à une colonne vertébrale, sont constitués de moulages de mâchoires et d’empreintes de pieds. On oscille entre le film d’horreur, le concert post-punk et la colère noire. Tel l’orage qui menace la colline, l’assombrissant peu à peu, les foudres d’Erwan Venn éclatent. L’artiste fait jaillir les hydres qui gesticulent dans sa tête : celles de son histoire familiale, celles de son grand-père breton, séminariste et collaborateur. Son travail plastique est une vaste entreprise de re-mémorisation. Il déterre et déconstruit l’Histoire collective ou personnelle, l’idéologie, le diktat.
Elise Girardot
Extrait du texte Frontières effrangées, 2017

Vue de l’exposition Frontière Effrangées (2017), résidence chez l’habitant, Fiac

Vue de l’exposition Frontière Effrangées (2017), résidence chez l’habitant, Fiac


Crédits photographiques : Erwan Venn
© Adagp, Paris