Ciel clos est un ensemble de 4 planches A4 recto-verso. Chacune porte une photographie de ciel plus ou moins nuageux, découpée selon un tracé précis. Au verso, la même image apparaît, inversée en miroir, comme si elle traversait l’épaisseur du papier. S’y ajoutent des traits pleins et pointillés, ainsi qu’un titre et des instructions de montage. Ces planches peuvent être découpées, pliées et collées pour former quatre volumes géométriques différents. Elles peuvent aussi être montrées telles quelles, d’un côté ou de l’autre, conservant leur potentialité de montage.
Cette édition prend sa source dans des découpages similaires avec lesquels je jouais lorsque j’étais enfant, les observant longuement sous toutes leurs faces. J’ai souhaité en produire de nouveaux, revêtus de photographies de ciel. Ce motif est récurrent dans mon travail, tout comme le retard (les images choisies ont été enregistrées en 2011-12). Avec ces Ciels clos, l’élément céleste et cosmique, infini et informe, mouvant et changeant, se cristallise et se plie littéralement aux lois de la géométrie, inversant le point de vue terrestre. Le ciel s’ouvre et s’enroule sur lui-même – perspective quasi apocalyptique –, dans un ordonnancement mathématique. Pour autant, l’objet construit est d’une grande légèreté et fragilité, comme une bulle de papier. Il est à l’échelle de la main, appelant la manipulation et la rêverie. Il renvoie également à une tradition issue de la Renaissance, où la science des polyèdres occupe de nombreux artistes. Il croise enfin la longue histoire pluridisciplinaire de la photographie de ciel et de nuages avec la question de la photographie – pourtant éminemment plate – appliquée au volume.
Pierre-Lin Renié
Crédits photographiques : Pierre-Lin Renié