La démarche de l’artiste agit métaphoriquement à l’endroit de la production : il élabore son œuvre à partir d’éléments dont personne ne veut, mais ceux-ci en devenant œuvre – comme disait Marcel Duchamp à la fois par la volonté de l’artiste et par l’exposition dans des lieux dédiés – sont amenés à une autre vie. Non seulement Grégory Cuquel recycle mais il restitue une esthétique de ruine. Il assume l’esthétique du délabrement dans toute sa rugosité, loin de toute interprétation romantique. il semble aussi se refuser à participer à l’accumulation de nouvelles œuvres, et encore moins de produire de nouvelles matières. Celles qu’il trouve lui conviennent très bien. Il parcourt les villes où il est invité à exposer et construit ses sculptures avec les matériaux collectés sur place, parfois avec les « chutes » d’autres artistes ou des éléments empruntés à ses amis. Aussi, l’atelier est pour lui un lieu de recyclage en même temps qu’un modèle politique. On pourrait y revivre la scène composée par Courbet dans laquelle il se représentait « en contexte » entre ses alliés (comme Proudhon qui voyait justement l’atelier comme l’avenir social de l’Homme) et ses adversaires. Grégory Cuquel est attaché à l’atelier au point qu’il l’expose littéralement dans certaines œuvres. La radicalité de la pratique de l’artiste résulte d’une culture complexe, autant marquée par sa vision du monde que par les musiques qui ont façonné son esprit et son éthique : metal, punk hardcore, et musique minimale.
Jérôme Lefèvre.
The artist’s method acts metaphorically in the place of production : he develops his oeuvre from things which nobody wants but by becoming works these things are taken to another life—as Marcel Duchamp said, both through the artist’s wish and through exhibitions in dedicated places. Not only does Grégory Cuquel recycle, but he also reinstates an aesthetics of ruins. He assumes the aesthetics of dilapidation in all its roughness, well removed from any romantic interpretation. He also seems to refuse to take part in the accumulation of new works, and even less in the production of new forms of matter. The forms he does find suit him very well. He moves around the towns and cities where he’s invited to exhibit, and constructs his sculptures with materials collected on the spot, sometimes with the “leftovers” of other artists, and things borrowed from his friends. So, for him, the studio is a place of recycling at the same time as a political model. In it, it might be possible to relive the scene composed by Courbet in which he represented himself “in context” among his allies (such as Proudhon who, it just so happens, saw the studio as Man’s social future) and his foes. Grégory Cuquel is so attached to his studio that he literally exhibits it in certain works. The radicalness of the artist’s praxis results from a complex culture, as much marked by his vision of the world as by the music which has forged his spirit and his ethics : metal, hardcore punk, and minimal music.
Jérôme Lefèvre.
Translated by Simon Pleasance
Partenariat CNAP / Réseau documents d’artistes
Œuvres de l’artiste dans les collections publiques du réseau Videomuseum
Frac/Artothèque Nouvelle-Aquitaine