Nina Laisné développe depuis plusieurs années un univers singulier dans lequel l’image a une place privilégiée. Que ce soit dans ses photographies ou dans ses réalisations filmées, l’artiste ne se cantonne pas à un langage. Ses œuvres, construites avec minutie, sont l’endroit où la latence et le temps de la contemplation prennent tout leur sens.
Dans ses premières photographies, au-delà des acteurs qu’elle dirige avec précision et des décors justes c’est bien le moment de grâce d’un instant suspendu, cet interstice marqué d’incertitudes qui intéresse l’artiste. Elle pose déjà ici les marqueurs du travail à venir.
Empreintes d’étrangeté ses œuvres prennent corps et se déploient en dialogue avec d’autres medium comme le cinéma et la musique mais aussi à travers des éléments historiques et sociologiques, l’art, les traditions populaires, la mode, le cabaret et l’opéra. Ce sont ces va-et-vient, plus ou moins visibles, mais aussi l’importance de la culture hispanophone qui font des recherches artistiques de Nina Laisné un ensemble riche et délicieusement inclassable.
Musicienne et cinéphile, l’artiste constitue donc son univers plastique avec les vocables du septième art et du spectacle, crée des dialogues avec le son plutôt qu’avec le verbe. Les œuvres récentes jouent également de cette interpénétration et cristallisent ce glissement d’un genre à l’autre, d’une réalité plébéienne à la fiction ou l’inverse.
Émilie Flory, 2015
For the past few years, Nina Laisné has been creating a unique universe in which the image plays an important role. Working in both photography and film, the artist is not limited to one specific language of expression. In her meticulously constructed works, latency and a contemplative sense of time acquire their true meaning.
In her first photographs, more than the actors that she directs with precision and the perfect decors, it’s the moment of grace of a suspended moment, this interstice full of incertitude that interests the artist. Already in these early works, she reveals signs of the work to come.
Tinted with strangeness, her works take form and unfold in resonance with other mediums such as cinema and music, as well as historical and sociological elements : art, popular traditions, fashion, cabaret and opera. _ These more or less visible porosities with other disciplines as well as the importance of Hispanic culture in her work make Nina Laisné’s artistic research a rich and deliciously original mix, which defies classification.
The artist, who is also a musician and cinema buff, builds her visual universe in this way with vocables drawn from the performing arts and film, creating dialogues with sound rather than with words. Her recent work also plays with cross-pollination and develops this shifting from one genre to another, from everyday reality to fiction and vice versa.
Émilie Flory, 2015
Translated by Patricia Chen