Thomas Lanfranchi est l’un de ces artistes rares dont on guette avec un intérêt toujours renouvelé la moindre manifestation. Avec la même opiniâtreté qu’y mettrait un savant – ou mieux : l’un de ces inventeurs en même temps dilettantes et obsédés qui jalonnent l’histoire des techniques –, il mène depuis des années une même recherche, en marge des grands circuits spectaculaires, quelque part aux confins – et au point instable, sinon même improbable où ils se croisent – de la sculpture, de la performance et du dessin. Partons de la première : Thomas Lanfranchi réalise de grandes formes géométriques. Nul marbre ici cependant, ni rien qui s’en approche. Il prend au rebours les fantasmes de pérennité, de solidité, de masse qui hantent encore souvent la sculpture. Ces formes, en effet, il les fabrique à partir de sacs plastiques, aux couleurs que lui propose l’industrie. Le geste du sculpteur, chez lui, n’est plus que dans la découpe et que dans l’assemblage, à l’aide d’un ruban adhésif, de cette pauvre et fragile membrane. [...] La vidéo ou la photo en conservent certes la trace. Mais l’on comprend que c’est dans le direct de la geste qu’elles se donnent le plus essentiellement et le plus évidemment. En même temps qu’elle s’encanaille ainsi avec la performance, la sculpture, réduite à cette membrane, engage aussi chez Thomas Lanfranchi un rapport essentiel au dessin : pour déployer qu’il soit dans l’espace et quand bien même il est de plastique, c’est bien un trait, en effet, qui fait pièces. Et c’est par là que ce premier aspect de l’œuvre – la sculpture pour le redire vite et employer ce qu’on vient de voir n’être qu’une facilité de langage – en rejoint un second : une pratique plus classique du dessin. [...]
Texte de François Coadou, 2015 (extrait)
Commande de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Thomas Lanfranchi is among the rare artists whose slightest output is met with consistently renewed interest. Working with the same tenacity as a scholar – or better still, like the dilettante and obsessive inventors found throughout the history of technologies –, he has carried out consistent research for years, away from large showy networks and somewhere on the borders – and at the tipping point, the improbable junction where they may meet – of sculpture, performance, and drawing. Let’s start with the former : Thomas Lanfranchi creates large geometrical volumes. But you won’t see any marble here, or anything like it. He goes against the flow of durability, sturdiness, and bulkiness – qualities that still often haunt the field of sculpture. Instead, he crafts these shapes out of plastic bags, in whatever colour the industry has to offer. The sculptor’s role is reduced to cutting and taping together the rudimentary and fragile membrane. […] Although they are preserved through film and photography, it is quite obvious that their essence can only truly be appreciated in real time. In addition to flirting with performance arts, Thomas Lanfranchi’s sculpture, because it is reduced to this membrane, also induces an essential link with drawing : although it is made out of plastic and set in three-dimensional space, the final piece is still the result of a linear construction. And this is where the primary aspect of his work – sculpture, to put it simply and to use an all too easy term – merges with another : a more classic practice of drawing. […]
Thomas Lanfranchi by François Coadou, 2015 (excerpt)
Commissioned by Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Œuvres de l’artiste dans les collections publiques du réseau Videomuseum
Artothèque de Pau, Le Bel Ordinaire
Artothèque médiathèque Bonlieu Annecy
West Bund Museum, Shanghai, Chine
Collection Ottawa School of Art, Ontario (Canada)
L. A. C., La Réunion
Artothèque de Caen
Les arts au mur artothèque, Pessac
Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
Musée d’art contemporain de Sydney (Australie)