À travers la déambulation, Jeanne Tzaut rencontre des formes et des situations, produits et archétypes de nos occupations qui sont à l’origine de sa production. La figure du marcheur n’est jamais directement visible dans son travail mais pourtant bien présente lors de sa mise en place, tout au long de cette recherche de moments, qu’ils soient insolites, rares ou insignifiants. Elle extrait ainsi des zones, des fragments de réalité en tentant de mixer un constat et une volonté de transformation. Elle puise des formes dans des univers existants qu’elle vient modifier en opérant des déplacements, dans le désir d’activer / réactiver une scène.
« L’intérêt de Jeanne Tzaut pour la déconstruction des formes, des usages et espaces vus dans l’espace urbain, reflète aussi sa curiosité pour les implications historiques de la sculpture en général. Le caractère générique de certains travaux témoigne de son intérêt pour les compositions picturales, les assemblages et constructions des avant-gardes, la sculpture minimale des années 1960, le mouvement Néo-Géo ou encore l’Académie de Düsseldorf des années 1980 avec Ludger Gerdes et Thomas Schütte, mais ici, en se référant à la question de l’autonomie chère à certains de ces prédécesseurs, il s’agit aussi et dans le même temps, de signaler la dimension partielle et appropriationniste de l’artefact, le caractère éminemment transitoire de sa signification. Tendre vers un langage autonome est surtout pour cette artiste une invitation à engager le regard vers une sorte de dénuement psychologique et culturel, une mise à distance pour incarner d’autres formes de contacts et d’émotions. »
Texte de Corinne Domer, 2015 (extrait)
Commande de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Through strolling, Jeanne Tzaut encounters forms and situations, products and archetypes of our occupations which lie at the root of her output. The figure of the walker is never directly visible in her work but nevertheless thoroughly present during its installation, throughout this research into moments, be they unusual, rare or insignificant. She thus extracts zones and fragments of reality, trying to mix an established fact and a desire for transformation. She derives forms from existing worlds which she modifies by making shifts, with a desire to kindle/rekindle a scene.
“Jeanne Tzaut’s interest in the deconstruction of forms, uses and spaces seen in the urban space also reflects her curiosity about the historical implications of sculpture in general. The overall nature of certain works illustrates her interest in pictorial compositions, the assemblages and constructions of the avant-gardes, the minimal sculpture of the 1960s, the Neo-Geo movement and the Düsseldorf Academy of the 1980s with Ludger Gerdes and Thomas Schütte, but here, referring to the issue of autonomy dear to some of these predecessors, what is also and at the same time involved is pointing out the partial and appropriationist dimension of the artifact, the imminently transitory nature of its significance. Tending towards an autonomous language is above all, for this artist, an invitation to attract the gaze towards a sort of psychological and cultural bareness, a distancing, in order to incarnate other forms of contacts and emotions.”
Corinne Domer, 2015 (excerpt)
Commissioned by Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Translated by Simon Pleasance, 2015