« Anne-Marie Durou applique une théorie de l’écart, distorsion entre ce qui est attendu et ce qui existe. La noble harmonie des décors théâtraux gravés, évocateurs des classiques boiseries intérieures du XVIIIe siècle, déroute l’œil par une perspective inattendue qui trouble la vision habituelle : l’attention est attirée par des axes qui se révèlent après coup, au-delà de l’apparent et de l’immédiat. Le spectateur est projeté dans une nébuleuse temporelle et spatiale ; un cheminement s’amorce dans les souvenirs, les œuvres rappellent des situations vécues et des objets vus, mais dans un flou fertile en sensations : rien de net ni de précis, et pourtant la certitude d’une chatoyante richesse en soi comme les ombres projetées et tremblantes de la fameuse allégorie platonicienne de la caverne. Le dépaysement s’opère par l’intermédiaire d’éléments usuels installés dans un décor insolite, souvent onirique. La composition devient exotique au sens étymologique : elle est une représentation »de l’extérieur« , donc autre et étrangère, fantastique par conséquent. »
Texte de Sylviane Pène, 2013 (extrait)
Commande de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
“Anne-Marie Durou applies a theory of difference, a distortion between what is expected and what exists. The noble harmony of the engraved theatrical decors, evoking classical interior woodwork of the 18th century, diverts the eye by an unexpected perspective which disturbs our habitual vision : our attention is attracted by themes which are revealed after the fact, beyond the apparent and the immediate. The spectator is projected into a space-time nebula ; a path takes shape within memories, and the works call to mind situations experienced and objects seen but in a blur that is rich in sensations : nothing defined or precise, and yet the certainty of an iridescent wealth in itself, like the projected and trembling shadows of the famous Platonic allegory of the cave. Disorientation is at work through the intermediary of ordinary elements installed in an unusual, and often dream-like décor. The composition becomes exotic in the etymological sense : it is a representation “of the outside”, thus other and alien, and consequently fantastic.”
Sylviane Pène, 2013 (excerpt)
Commissioned by Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Translated by Simon Pleasance, 2015
Œuvres de l’artiste dans les collections publiques du réseau Videomuseum
Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
les arts au mur artothèque, Pessac
Artothèque départementale de la Gironde