Le projet Atlas Genius Loci s’est déployé dans le cadre d’une thèse de doctorat préparée sous la direction de Pierre Baumann, et soutenue le 22 novembre 2018 auprès d’un jury composé de Patrick Baudry (sociologue, Université Bordeaux Montaigne), Sylvie Coëllier (historienne de l’art, Aix Marseille Université), Gaëtane Lamarche-Vadel (chercheure-essayiste, Université Paris I Panthéon-Sorbonne) et Françoise Vincent-Feria (artiste-chercheuse, Université de Strasbourg).
Le dispositif scénographique de cette soutenance fut conçu en dialogue avec Élise Girardot (critique d’art et curatrice) et avec la présence d’une performance de Lidwine Prolonge (artiste).
entretien avec Céline Domengie, 10 min. 44, 20 janvier 2016, Bordeaux
Réalisé en partenariat avec Les Étudiants Cinéma et Audiovisuel de l’école ADAMS 3iS, Bordeaux et avec le soutien du Conseil régional Nouvelle-Aquitaine, de la Direction régionale des Affaires culturelles, de la région Nouvelle-Aquitaine, du Conseil départemental de la Dordogne, de la Ville de Bordeaux et du Conseil départemental de la Gironde.
Résumé de la thèse :
Cette thèse de recherche en art intitulée « Atlas Numérique Genius Loci, modélisation de connaissance à partir d’une poétique du chantier », porte sur le travail artistique que nous menons sur les lieux en chantier (chantier de construction ou situation de transformation). Elle se déploie dans deux dimensions principales intimement liées, l’une épistémologique et l’autre artistique.
Premièrement, elle est l’expression du continuum entre théorie et pratique. Elle pose l’hypothèse que le méta-art initié par deux artistes : Adrian Piper dans les années 1970 et Jean-Paul Thibeau dans les années 1990, est l’activité artistique idoine pour expliciter et analyser la recherche artistique ; pour dire ce qui se joue dans le travail de création, depuis la place de l’artiste, depuis la matérialité de la pratique et de l’expérimentation, sans tomber dans un discours théorique surplombant.
Le programme théorico-pratique ainsi conçu s’articule sur deux registres de textes. D’une part, les récits d’expérience relatant quatre projets (Genius Loci Monflanquin, Genius Loci Aix, Genius Loci Villeneuve, Genius Loci UBUBM), d’autre part, les commentaires analytiques relatifs à ces quatre récits d’expérience (« Comment représenter le mouvement ? », « Comment l’écosophie permet-elle d’éclairer les pratiques artistiques qui investissent le quotidien comme situation d’expérimentation ? », « Comment prendre une décision ? », et « Comment ménager des passes au milieu du milieu ? »).
Deuxièmement, du point de vue artistique, cette thèse ouvre un espace d’expérimentation pour la création de l’Atlas Genius Loci à partir des chantiers des universités bordelaises. Nous avons mis en pratique une recherche-création sur des terrains de vie concrets en coopération avec les maîtres d’ouvrage et les institutions concernées. À partir d’une interrogation sur les articulations possibles entre l’art et les pratiques architecturales de l’industrie du bâtiment (Building Information Modeling), notre Atlas est devenu un « processus mésologique », un travail d’inter-relation au sein d’un milieu, construisant une présence-alliance entre une artiste et un écosystème.
Le prolongement de cette recherche-création, où le terrain-milieu d’où l’on parle est à la fois explicité dans sa matérialité et impliqué dans l’expérimentation, s’inscrit dans l’héritage de l’analyse institutionnelle (sociologie) et de la critique institutionnelle (art) pratiquée dès les années 1970. L’enjeu de cette pratique artistique expérimentale porte donc sur les engagements contemporains de l’artiste dans la société, et réciproquement, sur la place que celle-ci réserve à l’art ; ce faisant, ce travail défend l’idée que la recherche en art ouvre aujourd’hui des perspectives originales pour créer de nouvelles alliances entre le monde académique et la société civile.
Céline Domengie