À travers la fenêtre de l’atelier

Elise Girardot, 2019

De larges gouttes d’eau rouges tombent en fracas sur la dune. Lourdes et solides, elles sont trans- percées par le soleil couchant. Pourquoi Simon Rayssac nous délivre t-il un geste évanescent ? Toile après toile, le peintre semble dérouler une impression personnelle et fugace, une histoire d’intimité pudique, une quête incessante et jamais rassasiée. Observées par la fenêtre de l’atelier, les apparitions sont baignées dans la peinture. Les empreintes se déclinent et rythment de grands aplats. Ces leitmotivs glanés par l’artiste, tels des prétextes à la représentation, matérialisent tantôt des souvenirs, tantôt des impressions de paysages fragmentés où le détail prédomine : un tablier ondulant, un vide laissé par une feuille d’abricotier sur laquelle la lumière rasante scintille.

Aux antipodes des grandes manifestations de la nature, un geste caractérise l’humain. Les variations dépeintes par Simon Rayssac seraient alors les mouvements de corps naturels personnifiés déclinant une multiplicité de personnages : feuilles, fleurs, pierres, pluies, sables… Toujours, les motifs arborent une expression propre, un trait de caractère. Ici, des ondulations terreuses nous traversent, nous sommes écrasés par la boue qui s’accumule. Là, des fruits géants ou des pivoines psychédéliques exultent en couleurs et disproportions.

Parfois absurdes, les sujets surchargent la toile sans vouloir la libérer, à l’image de la persistance rétinienne ressentie par l’artiste lorsque son regard balayait la réalité. La buée froide et les oursins agresseurs font alors place à une sombre chevelure dissimulée sous le va-et-vient d’un éventail. Les variations de Simon Rayssac forgent cette peinture d’émotions éclatées qui saturent des paysages jamais décoratifs. Rien n’est caché dans cette partition, la fabrique de l’artiste est visible et chaque tableau est le témoignage d’un élan.

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