Waterscape (Hyperdrawing)

Waterscape, 2018 (Climat général, version 2)
Enregistrement vidéo, dimensions variables
Collection Fondation François Schneider, Wattwiller

 

Climat général est une œuvre graphique générative qui fait appel à la puissance narrative du dessin pour explorer les zones de contact des données scientifiques avec des sensations et des émotions véhiculées par la sensibilité du dessin. Le dispositif numérique repose sur une interaction entre données numériques et données graphiques. Elle est conçue comme un écosystème évolutif qui dépend des datas et les données graphiques qui la font fonctionner. La première version crée pour la biennale de Venise en 2017 sert de matrice à son évolution. Chaque nouvelle version (itération) propose de faire un focus sur des problématiques spécifiques liées à l’Anthropocène : ici, l’eau.

Claire Malrieux

 

Dessin préparatoire Waterscape
Dessin préparatoire Waterscape

 

La notion de paysage aquatique inscrit l’eau dans un monde qui change. Elle est une perspective qui capture l’imagination dans un espace fait par l’interaction de l’eau et de la société. Ainsi, le paysage aquatique saisit l’esprit de ce terrain fluide et son rôle dans la fabrique des lieux. Il désigne l’eau comme une construction hybride et rappelle que l’eau est ce qu’on en fait.

Waterscape est une œuvre graphique générative dans laquelle l’eau est représentée dans le climat contemporain de l’anthropocène. Ce qui est donné à voir est un dessin de l’eau en mouvement, autonome et infini. Comme l’eau, cette oeuvre est en évolution permanente et n’a pas de fin programmée. Elle s’appuie sur la notion de paysage aquatique et montre un dessin de l’eau qui ne dépend pas d’un point de vue unique mais qui fonctionne par la mise en commun des différents phénomènes qui la composent, se déplaçant perpétuellement à travers les paysages culturels, sociaux et symboliques.

Dans le dessin de Waterscape, le geste graphique est mis sous condition par un algorithme et par des données implémentées dans le programme. A l’aide d’instructions génératives et d’analyses de données issues de relevés climatiques liés aux précipitations, aux catastrophes majeures survenues depuis 1900, sécheresses, inondations, ouragans, ainsi qu’aux simulations prédictives liées à la gestion de la crise de l’eau à venir, le programme crée une animation dont le scénario repose sur une lecture non linéaire des événements. Ainsi, la représentation de l’eau change de forme et se modifie en permanence, influencée par l’environnement dans lequel elle évolue.

L’algorithme installe la représentation de l’eau dans une logique relationnelle de continuité pour former un paysage liminaire, éphémère et dynamique. Distinguée des autres types de ressources naturelles par sa fluidité, l’eau ne peut être entièrement saisie par les lois naturelles et ne peut pas non plus être décrite entièrement dans le cadre d’un processus social. C’est pourquoi, le dessin de Waterscape se construit sur les passages entre le su et le perçu dans un mouvement fluide et hypnotique. Comme dans le rêve ou dans l’hypnose, il laisse une place aux savoirs et aux imaginaires de chacun, rappelant ainsi que par sa diversité et sa complexité, l’eau appelle nécessairement des représentations propres à chacun, du vocabulaire de l’ingénieur à la description de la force brutale de la nature.

Devant l’évolution lente du dessin, notre regard vacille en permanence entre le plaisir de la reconnaissance des formes, l’intrigue portée par leurs transformations, leurs persistances ou la futilité et la brutalité de leurs disparitions. Ces mouvements et ces passages rendent le dessin vivant et incarné. L’eau apparait alors comme une présence infinie, évolutive, sensible et réactive, toujours présente pour nous connecter au monde.

Claire Malrieux

 

Waterscape, 2018 (Climat général, version 2)
Captation de l’exposition Waterscape, Fondation François Schneider, Wattwiller, 2019
Collection Fondation François Schneider, Wattwiller

 

  •  {Waterscape}, 2018 ({Climat général}, version 2)
    Waterscape, 2018 (Climat général, version 2)
    Vidéoprojection, 700 x 400 cm
    Collection Fondation François Schneider, Wattwiller
    Vue d’exposition The Territories of Water, Museum of Art Pudong, Shangai, 2022
    Crédit photographique : tous droits réservés
  • {Waterscape}, 2018 ({Climat général}, version 2)
    Waterscape, 2018 (Climat général, version 2)
    Vidéoprojection, 700 x 400 cm
    Collection Fondation François Schneider, Wattwiller
    Vue d’exposition Climat général, Collège des Bernardins, Paris
    Crédit photographique : Vinciane Lebrun-Verguethen
  • {Waterscape}, 2018 ({Climat général}, version 2)
    Waterscape, 2018 (Climat général, version 2)
    Vidéoprojection, 700 x 400 cm
    Collection Fondation François Schneider, Wattwiller
    Vue d’exposition Climat général, Collège des Bernardins, Paris
    Crédit photographique : Vinciane Lebrun-Verguethen

 

Diagramme du scénario algorithmique de Waterscape
Diagramme du scénario algorithmique de Waterscape
Crédit : Claire Malrieux

 

HyperDrawing, une recherche qui engage la nature du dessin dans l’utilisation conjuguée de gestes graphiques, d’algorithmes et d’intentions de récit.