Les peintures de Simon Rayssac sont un vivarium.
Un vivarium sans clôture, composé d’êtres sensoriels, légèrement agités. Fragilement campés, ils déjouent les significations. Si on se place à l’échelle de l’infime et que l’on prend la bonne lentille pour le voir, le plus quelconque apparaît comme un être singulier, avec sa propre tenue, son propre champ de résonance ; à l’occasion d’une rame, d’un feuillage, de ronds dans l’eau.
Le dérisoire, l’infiniment petit, c’est là où on respire parce que tout y est ténu et changeant. Ici pas de loi mais des clins d’œil. Tout se joue dans une inflexion minime, une attention à la singularité des choses qui requiert à chaque fois d’adapter légèrement le code. Une ombre, un mouvement, une couleur donnent lieu à une géométrie pudique dans laquelle des formes sans contour voisinent et forment des plans sans profondeur. On plonge, le flottement devient la matière même du toucher, du contact. Mais ce flottement cache une autre matérialité, celle des coups de pinceau. On s’imagine la main, le corps, agités. L’émotion, l’humour, la frustration, la contemplation : sur la toile les coups de pinceaux ont une éloquence bavarde, semblent contenir les mille variations d’un cœur pris dans les aléas du quotidien. La « patouille » est cette matière pleine d’emballement, elle s’emporte, étonnamment humaine, et la distance indéfinissable qui sépare chaque plan du tableau accueille ces débordements à l’infini. Quelque chose de la douceur du geste, du regard fait qu’ici on peut déborder sans crainte.