La ville n’est faite que de passages, de liaisons et de croisements. Pourtant à un moment donné mon regard s’est focalisé sur une forme particulière, le mur aveugle, qui semblait lui ne pas jouer le jeu du passage, de la transmission, mais d’être là pour bloquer mon désir de voir au-delà, au contraire de la clôture, du bosquet, de la vitrine, ou de la fenêtre qui peuvent m’y autoriser. Forme géométrique singulière dans le paysage urbain, les murs aveugles scandent l’espace des déambulations quotidiennes du passant. Il arrête le regard, le dévie peut-être, mais nous questionne sur cette frontière, qui malgré sa présence forte et presque autoritaire laisse la place aux interrogations du voyeur que nous sommes.
murs aveugles, 2010
Série de 100 photographies, 20 x 30 cm chacune
Je me suis aventuré au-delà de certains de ces murs aveugles pour rencontrer les gens qui vivent derrière. Je leur ai proposé alors de faire le portrait photographique d’une des pièces qui se trouvent adossées à ce même mur de leur maison ou appartement. Pour chaque pièce photographiée (chambre, bureau, garage, salle de bain, etc.), il me semblait intéressant de mettre en avant un élément mobilier ou architectural de cette pièce par un trait de lumière provenant d’un néon disposé dans l’espace. Source d’une lumière improbable.
intérieur jour, 2010
Série de 16 photographies, 120 x 180 cm chacune
L’idée était d’instaurer un dialogue entre l’espace public et l’espace privé en exposant ces photographies dans un ensemble de panneaux publicitaires de la ville de Pessac. Le projet Intérieur jour, seize photographies réparties sur le territoire de la commune, était montré au public du 30 août au 12 septembre 2010. Le promeneur avait alors face à lui une fenêtre qui s’ouvrait sur un intérieur directement dans la rue, renversant ainsi le rapport qu’il peut y avoir à se balader dehors sans jamais pénétrer à l’intérieur de ce qui nous entoure.
Vues de l’exposition intérieur jour présentée dans la ville de Pessac du 30 août au 12 septembre 2010
Projet réalisé en 2009 et 2010 dans le cadre de la résidence Écritures de Lumière aux arts au mur - artothèque (Pessac).