2017
Série de 45 photographies argentiques, dimensions variables (sélection)
4 exemplaires + 1 EA
Coproduction : Frac Nouvelle-Aquitaine Méca et IDDAC

Un estuaire est à la fois rencontre et affrontement : rencontre des eaux, du fleuve et de la mer, affrontement des courants, eux-mêmes chargés de matière, les sédiments. Des îles naissent de ces rencontres : bancs de sable et de vase que la végétation colonise parfois. Les hommes prennent alors le relai, fixant et endiguant ce qui peut l’être. Mais il arrive aussi que des îles s’effacent. Au large de Pauillac, sur la Gironde, l’île de Chanteloup accueillait, au XIXe siècle, un lazaret destiné à la mise en quarantaine des marins. Elle a récemment disparu, emportée par la modification des courants estuariens. C’est cet événement qui a déclenché la série des Voyages insulaires. Familière de ces lieux, Maitetxu Etcheverria a construit un portrait photographique de la dizaines d’îles s’étendant à partir du Bec d’Ambès. Elle s’est attachée à révéler leurs contours incertains, comme lorsque la marée basse dévoile étiers, vasières et épaves. Certaines îles demeurent habitées. Sur l’île Margaux, on vendange encore un domaine viticole sauvé des eaux, en 1999. Les portraits de Voyages insulaires témoignent alors du moment de repli, provisoire, dont les travailleur ses saisonnier es font chaque année l’expérience. Sur l’île Nouvelle, des endiguements sont supprimés, des surfaces de grandes cultures sont rendues à la divagation des courants et des alluvions. Les images de Maitetxu Etcheverria montrent, à leur manière, le peu de certitudes qui demeurent valables dans ce monde des îles de l’estuaire : une promesse de brume et de vase qui s’accroche à tout ce qui les habite.
Alexis Pernet
Lire aussi :
➞ Didier Arnaudet, Une indéfinissable attente, 2017
➞ Texte de l’exposition Voyages insulaires à la galerie Arrêt sur l’image, Bordeaux, 2017





























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