Les stations de tramway sont des espaces transitoires dédiés à l’attente. Les panneaux d’affichages pouvant accueillir mes images sont tournés vers l’extérieur, visibles par les passants et non par les usagers du tram. Il me semblait intéressant de tirer partie de ce contexte particulier et d’interagir avec les spectateurs. Dans ma pratique, la question du trompe-l’oeil est un élément récurrent. Quelles soient photographiques ou vidéos, mes images sont bien souvent crées pour des espaces précis (fenêtres, bow-window...), dans lesquels elles s’insèrent parfaitement, jouant ainsi avec la perception du spectateur.
Depuis toujours, les dioramas animaliers me fascinent pour leur capacité à simuler la réalité. Ce procédé permet au visiteur de s’approcher au plus près de ces bêtes sauvages, comme s’il pénétrait sur leurs territoires. Cette proximité inhabituelle crée des images troublantes. Au trompe-l’oeil déjà existant, se rajoute une nouvelle illusion. À première vue, ces personnes semblent en plein safari, à seulement quelques mètres de ces animaux. Mais en regardant de plus près, on découvre la supercherie. Les décors sont peints, les animaux empaillés et les touristes sont de simples visiteurs de musée.
C’est en déplaçant ces images dans les panneaux d’affichages du tramway que ces silhouettes interagissent avec les autres usagers. Vus depuis le trottoir d’en face, ces personnages à échelle 1 se confondent avec les passagers qui attendent. Cette cohabitation entre silhouettes imprimées et personnes réelles vient une fois de plus troubler la réception de ces images.
Ces affiches s’inscrivent également dans une imagerie familière. Les panneaux publicitaires ont régulièrement abrités des affiches de films mettant en scène des animaux mythiques : King Kong, Grizzly Man et L’ours, parmi tant d’autres. L’intrusion d’un animal sauvage dans la ville est un motif récurrent au cinéma, donnant lieu à des rencontres marquantes entre l’humain et l’animal. D’une certaine manière, ce projet d’affiches rejoue ces rencontres improbables, et propose des apparitions étonnantes au coeur de la ville.
Nina Laisné
Extrait de la présentation du projet
Crédits photographiques : Nina Laisné