Le Tapis-Corps est constitué de laine feutrée. Porté, il recouvre le corps à la manière d’une combinaison intégrale excluant les pieds, les mains et la tête. Les coutures sont remplacées par des boutons pression qui permettent d’ouvrir ou de fermer le vêtement.
Il a été activé à Brive-la-Gaillarde lors d’une performance qui consistait à capturer, par frottements successifs (méthode utilisée par ailleurs pour la fabrication du tissu constitutif), les matières rencontrées le long d’un parcours dessiné par les anciennes fortifications de la ville en partant du musée Labenche.
Grâce à la constitution particulière de la laine feutrée, des éléments divers (minéraux, végétaux etc.) ont pu s’accrocher durant le périple accompli, en même temps que se produisait une inévitable dégradation du vêtement porté.
L’expérience a donc permis à la fois de « charger » le tapis-corps et de le déstructurer : double dynamique porteuse de traces et d’impacts.
Double, encore, la dimension spatiale interrogée : verticalité et horizontalité ; tant dans les gestes accomplis durant la partie active que dans le dépôt du vêtement, une fois la performance réalisée. Posé à à plat sur le sol, il prend la forme d’un tapis qui résonne avec les tapisseries.
Ainsi, à travers cette métaphore actée de la trace mnésique, viennent s’inscrire des bribes de dialogue entre la ville et le corps, comme une histoire dans l’Histoire, comme un présent dans le passé, comme une partie de souvenirs à se souvenir.
Kristina Depaulis
Le Tapis-Corps avant la performance
Crédits photographiques : Fantin Dassonville (performance) et Antoine Gatet
©Adagp, Paris