Stries et Strates

Fidèle à son intérêt pour l’architecture, les signes et les lignes de force perçus dans les espaces traversés, Jeanne Tzaut a choisi d’investir deux sites extérieurs. A Barlieu comme à Vailly, elle s’appuie sur la typologie de panneaux d’information présents pour proposer des modules-sculptures, sorte de simulacres qui en récupèrent et en déclinent la forme. A mi-chemin du vrai et du faux, des codes informatifs et du caractère illusionniste de son médium, des peintures sont réalisées à partir de fragments d’architecture. Entre aplats et leurres visuels, géométries, les surfaces peintes jouent de l’ambiguïté de ce que l’on voit, de la nature du support entre deux et trois dimensions, comme de la manière de représenter ces éléments saisis dans l’environnement proche.

 

Stries, 2021
3 panneaux, bois, peinture et crépis, 230 x 40 cm, 160 x 120 cm et 170 x 120 cm
Détail

 

A Barlieu, Les stries rejouent l’édicule annonçant la base de loisirs en trois structures différentes. Elles se concentrent sur les parois métalliques des silos, leur système constructif répétitif, leur couleur délavée, en s’adressant aussi bien au regard posé du piéton qu’au travelling du passage en automobile. Elles donnent à voir, par la présence de peintures au recto et au verso, la reprise du motif des lignes horizontales en un camaïeu de gris. Cette reprise partielle de la réalité crée, par les cadrages proposés, un effet perspectif à double sens ; depuis les sculptures vers les silos qui ferment la vue, mais également vers le paysage valloné qui se déploie face à eux.

 

Strates, 2021
3 panneaux, bois, peinture et crépis, 175 x 190 cm chacun

 

A Vailly-sur-Sauldre, Les strates reprend l’enfilade des panneaux didactiques et la déplace à l’arrière de la grande dans une succession de trois « tableaux ». Chacun porte une grande surface peinte, organisée à partir de détails prélevés sur place, dans un cadrage progressivement « zoomé ». J. Tzaut a recours tant aux couleurs, pastels ou acidulées, qu’aux matières (crépis, découpes de bois collées) pour offrir des sensations visuelles faites de différentes textures. L’échelle des peintures, leur présence chromatique et les indices des motifs sollicitent autant un regard rapproché qu’une vision lointaine depuis la route.

Gunther Ludwig

 

Crédits photographiques : Jeanne Tzaut