Protocole

2018
Université Poitiers Département Philosophie, Poitiers

 

 

Sans renier un rapport charnel à la matière, Florian de la Salle revendique en effet un désengagement du processus de création. Il met en place un « protocole » d’expérimentation pour lequel, à la manière d’un scientifique observant un phénomène, il met entre parenthèses l’implication subjective {note}1 de l’artiste dans le faire et trouve/occupe une position tierce d’observateur, en attente de l’ avènement du fait d’art. Le geste artistique, s’il en est, devient la geste ; l’observation rigoureuse d’une épopée, dans un minuscule cylindre de porcelaine ensemencé de sels minéraux ou dans une feuille de papier buvard, tient lieu de fabrication. L’homo faber - qui crée tout de même les conditions pour que la chose advienne – devient homo testis, se porte témoin des faits qui se produisent au cours de l’expérimentation. L’ouvrage donné à voir au regardeur résulte et fait trace d’une aventure qui, par définition, échappe à son regard.

Michel Jeannes, extrait de Florian de la Salle ou le subjectif entre parenthèse, janvier 2020

 

 

 

 

Crédits photohraphiques : Christian Vignaud

1Nous nous référons ici aux travaux du biologiste et cybernéticien chilien Umberto Maturana qui parle, lui de la mise entre parenthèses de « l’objectivité », la réalité étant une construction mentale de l’observateur. L’artiste engageant ou étant censé engager sa subjectivité dans ses travaux, nous inversons la proposition initiale.