En 2020, je m’installe à Verdun pour continuer mes recherches sur la mémoire collective (voir Atlas Bellone). Pendant deux ans, j’habite au milieu des champs de bataille et découvre comment un paysage touché par la guerre en porte les cicatrices un siècle plus tard.
Polémosylvofaciès, n.m. : aspect d’une forêt sur les sols bouleversés par un conflit armé. Au fil de mes déambulations, j’ai constitué une archive photographique dont je tire des images pour venir dialoguer avec d’autres œuvres.
Un chêne mitraillé a persisté de nombreuses années dans la forêt du Bois-le-Prêtre, haut lieu de la Première Guerre mondiale. Dernier témoin végétal de cette bataille meurtrière, ce chêne meurtri par de nombreux impacts de balles, éclats de grenades et d’obus, a été abattu en 2005 par les services forestiers puis traité pour être restauré et conservé comme un monument.
Un homme en habit de travail tond la pelouse sur un sol bouleversé par des explosions. La forêt a pris possession des lieux mais la terre a gardé les traces du conflit. L’aménagement des sites touchés par la Première Guerre mondiale demande un entretien permanent pour garder les cicatrices visibles. Les services des espaces verts fleurissent, tondent, taillent, conservent la mémoire à la fois naturelle et artificielle des lieux.
Textes : Anaïs Marion
Crédits photographiques : Anaïs Marion
© Adagp, Paris