
Avec la numérisation de la vue et de l’ouïe, l’odorat est devenu l’un des derniers bastions de la matérialité à l’ère de la mondialisation immatérielle. Dans notre vie quotidienne, nous respirons environ 20 000 fois en déplaçant un volume de 12 mètres cubes d’air.
LOG est une sculpture volumineuse à plus de trois dimensions, appréhensive par la perception olfactive. Dans le processus du langage, les oreilles humaines n’entendent pas les phrases mais les mots simples qui les composent, permettant au cerveau humain d’effectuer l’action de reconnaissance des « formes ». Il en va de même avec l’olfaction : sentir, c’est effectuer une reconnaissance de formes. C’est pourquoi il est obligatoire de faire l’expérience du LOG.
LOG est une œuvre à protocole : pendant toute la durée de l’exposition collective, un.e visiteur de la galerie est invité à voyager en taxi dans Bâle alors que quelques gouttes de LOG sont déposées sur son poignet ; dans le cas où le/la visiteur serait déjà parfumé.e, restez calme et procédez exactement de la même manière que décrite ci-dessus.
Encore aujourd’hui, l’œuvre LOG reste séquestrée sous haute sécurité et disponible à toute personne intéressée à la galerie Vitrine Basel.

Moire est l’expérience de motifs olfactifs identiques et légèrement différents qui se superposent de façon déphasée : une sensation de légère superposition de déplacements olfactifs réversibles.

La sculpture BÛCHE odorifie tout l’espace de la galerie pendant toute la durée de l’exposition. Le bois sec d’aloès est brulé pour les cérémonies et rituels en Asie du Sud-Est depuis des milliers d’années. Récemment, ce même bois est devenu un signe de statut social et de richesse au Moyen-Orient. Non synthétisable artificiellement, l’essence d’aloès (oudh) de haute qualité n’a toujours pas de substitut disponible.



La vidéo montre un mime professionnel reproduisant en direct une compilation d’interviews originales projetées devant lui, où dix volontaires sentent différentes odeurs dévoilées les unes après les autres dans une chronologie précise. L’acteur n’a jamais été mis en contact avec une quelconque odeur. Cette œuvre fait partie de l’exposition GOLDFISH ON DRONES, installation qui explore les possibilités olfactives et les territoires hyper-spatiaux qui ne sont pas nécessairement accessibles à nos sens.

Laurent-David Garnier in conversation with Amelia Groom
Amelia Groom : You’ve talked about your work in terms of ‘Olfactive Objects’, and it seems to me that what you do is very much involved with materiality, with specific materialities (obviously coming out of your background in chemistry) – but at the same time there is this immateriality ; it’s intangible, vaporous. How do you think about objecthood and materiality in your work ?
Laurent-David Garnier : I mean, it’s highly material, it’s about nanoscale molecules which hit receptors made of proteins inside the nose. We can say that without this materiality there’s no such thing as smell. But then we can also dream of smell. And people with anosmia [who do not perceive odor] will describe reminiscences of smell, without an external stimulus … I am also interested at the moment within physical objects, magnitude and iridescence.
Crédits photographiques : Laurent-David Garnier © Adagp, Paris