

Trappe, 2022
Rusticage, 90 x 90
Exposition MAXI 4 - Beau futur, Théâtre de verdure, Labenne
Parcours artistique avec Laurent Le Deunff, Lionel Scoccimaro, Karinka Szabo-Detchart, Jeanne Tzaut
Commissariat : François Loustau
Cette trappe est en rocaille, un procédé ornemental issu du baroque qui vise à imiter la nature. L’artiste crée un trompe-l’œil dans le ciment encore frais, reproduisant l’aspect de planches en bois. C’est un décor fantasque sollicitant notre attirance pour l’inaccessible, pour le mystère, comme dans des contes et légendes… Et l’illusion est ici préférable à la réalité. Le sentiment de crainte, le besoin de sécurité peuvent conduire à vouloir se réfugier sous terre, à construire des abris ou des cachots, à s’isoler. Mais nous préférons nous en amuser. Respirons à pleins poumons dans la nature ! Le futur est à l’air libre.
Au milieu des pins, en résonance lointaine avec le mouvement punk, et son fameux « No future », les artistes de MAXI 4 déclament un « Beau futur ». L’intention est de défier ces temps critiques trop enclins à l’inaction devant l’urgence climatique. En 1976 et 1977 eut lieu un mythique festival punk à Mont-de-Marsan qui attira des jeunes de toute l’Europe, prêts à affirmer une rupture avec le passé, à agir avec les moyens du bord, dans un esprit de contre-culture. Alors qu’en est-il de notre réel désir de changement aujourd’hui ? Pour MAXI 4, les artistes s’engagent et prennent des risques. Ils elles assument la place de l’art dans la nature, dans la société, à portée de tous, quitte à intriguer et à faire débat. Ici l’art ne flatte pas. Il arrive à rebrousse poils pour faire dévier nos habitudes, en quête d’une harmonie nouvelle dans un monde en crise. Ces gestes artistiques, sensibles et sauvages, parlent d’un futur où l’humain reconsidère son statut. Alors il est question d’animal, d’énergie, de révolte, de peur, de consommation, de nature… Mais les œuvres sont surtout des débuts d’histoires, de fictions à inventer pour se projeter dans l’avenir.
L’art est là, dans cette forêt, pour engager des conversations, pour secouer nos pensées, pour s’émerveiller, qui sait. Tout au long de l’été, des visites commentées et un programme d’ateliers ouverts à tou tes permettront aussi de dialoguer, de rencontrer des artistes et de s’initier à différentes disciplines. MAXI 4 est l’occasion de fréquenter la création actuelle, de s’habituer à des formes nouvelles, de parler de culture et de son rôle dans les enjeux d’aujourd’hui, pour penser un beau futur.


Jurassique France II, 2022
Empreinte de dinosaure et plantes fossiles
Une mystérieuse empreinte, immense, apparait et chamboule la tranquillité de la forêt. Imaginons que l’humain ne soit pas le plus grand prédateur ? Voici enfin un grand animal qui pourrait secouer notre toute puissance, à l’image du loup ou de l’ours. Entre un passé lointain et un futur à inventer, il serait temps de faire preuve d’un peu d’humilité, pour laisser place à une diversité perdue. Un autre équilibre est à trouver avec le monde du vivant. Alors Laurent Le Deunff sculpte le paysage et ce simple geste est le point de départ d’une nouvelle histoire.
Chewing-gum, 2022
Marbre
Un geste parasite, irrévérencieux. Coller un chewing-gum sur un arbre ? Quelle idée ! Mais ici, le chewing-gum est en marbre. Il est la copie d’un chewing-gum récupéré hors de la bouche du fils de l’artiste. On pourrait même y voir la marque de ses dents. Le banal se transforme en sacré, l’éphémère en œuvre éternelle. Le dérisoire peut devenir émouvant. Le minéral se mélange au végétal. Tout est nature.
François Loustau
Crédits photographiques : Jean-Christophe Garcia
Courtesy Semiose Gallery
© Adagp