Les petites mutilations de la vie quotidienne vues par Kévin Huber

Jean Calens, 2016

Que reste t-il de l’enfance, mutilée par l’éducation, l’autorité de la famille, l’école, les règles, la domination des institutions en général..?
Quels genres de souvenirs baroques et bizarres laissent ces traumas familiers dans nos mémoires ?
Comment le petit Louis peut-il assimiler toutes ces connaissances scolaires, comment peut-il comprendre les codes des adultes, des parents... ?
Et, surtout, comment ces petites tyrannies coercitives arrivent-elles à s’imposer malgré tout comme modèles à reproduire peu ou prou ?
De graves questions que Kévin traite à rebrousse-poil, privilégiant l’humour et le décalage. Il sait, en partant de l’anecdote, de son vécu imagine t-on, faire apparaître les enjeux existentiels et émotionnels de petits héros du quotidien.

Sa pratique se situe volontairement entre performance et théâtre. Cela lui permet de réguler ou non des intensités différentes, de relativiser plus ou moins l’écriture. De maintenir à distance ou d’être submergé par le pathos. Son jeu d’acteur est une performance.
Kévin Huber joue et improvise souvent au milieu d’un semblant de décor, finement bricolé par lui, fait de bouts de papier, de dessins au stylo, de lumière de lampe de poche... Il est très proche du spectateur à la manière d’un conteur car les mots sont les vedettes de ces scènes de mémoire, ils décident de l’avenir de petit Louis, de Samantha et de bien d’autres personnages parfois incarnés par des proches de Kévin.

Nous avons besoin de ce regard critique de Kévin Huber, à la fois acide et bienveillant sur les déconvenues intimes de l’individu, enfant puis adulte, pour nous rappeler l’incongruité et la facticité des logiques éducatives usées et ses conséquences aliénantes.

 

Texte produit dans le cadre du programme de recherche Voir un peu plus à travers les fissures des murailles (VUPP), juin 2016.

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