Les vidéos produites pour l’examen du code de la route forment un genre à part entière. Le vocabulaire singulier des règles de circulation est mis en scène dans un style brut. Ces simulations, censées apprendre aux futurs conducteurs à repérer et décoder des signes immuables, semblent elles-mêmes figées pour l’éternité.
Pourtant, l’immense plateau de jeu formé par les routes est en mutation permanente. Au XXe siècle, le réseau de voies goudronnées s’est peu à peu déployé sur toute la surface du globe. Des villes ont commencé à être pensées en premier lieu pour les automobiles et non plus pour l’élan pédestre ou cavalier. Des typographies ont été spécialement dessinées pour être lues par l’œil filant sur l’autoroute.
Prochainement paraît-il, l’image de véhicules roulant sans conducteur, mais aussi possiblement sans aucun passager, commencera à se répandre. L’humain, déléguant ainsi sa bonne conduite à des objets roulants autonomes, il est probable que peu à peu nous désapprenions ce langage graphique spécifique car alors toute cette signalétique ne nous sera plus vraiment destinée.
Geörgette Power
© Adagp, Paris