Ces dessins tentent de brosser une vaste fresque à travers l’Histoire, le droit, la justice, le travail, le commerce. Ils sont autant d’interprétations cartographiques d’ouvrages, de voyages ou d’histoires grandes et petites.
Dessiner les phénomènes pour mieux les comprendre, utiliser des ouvrages littéraires, sociologiques, scientifiques ou journalistiques comme sources de documentation. Schématiser des sujets d’actualité pour les dépouiller et tenter d’en restituer les mécanismes. Les retranscrire dans une lecture topographique désordonnée.
Ce dessin est une enquête, sur l’exploitation de la forêt et l’industrialisation de la filière bois en France.
« Les forêts deviennent une industrie ! Parée du discours trompeur de l’énergie verte et des vertus de la biomasse, une entreprise massive et silencieuse de transformation de la sylve en matière se déploie en France. Nous pensons la forêt comme le refuge de la liberté, nous la parcourons pour respirer le parfum de la nature, nous nous y réfugions des trépidations urbaines. Mais les abatteuses, les voies forestières démesurées, les centrales à biomasse sont en train de l’avaler, de la quadriller, de la standardiser. Cette dramatique industrialisation de la forêt, on ne l’avait pas encore racontée. Pendant des mois, des Landes au Morvan, de l’Auvergne aux Vosges, Gaspard d’Allens a couru les bois pour décrire et raconter le désastre en cours. Car la forêt subit maintenant la logique productiviste qui a ravagé l’agriculture, détruisant les emplois, dispersant les produits chimiques, gaspillant l’énergie, réduisant la biodiversité. Mais il est encore possible d’inverser le cours de la destruction. Des bûcherons réinventent leur métier, des forestiers promeuvent un usage doux de la forêt, des Zad luttent contre les machines. L’espoir est là, l’alternative est vivante, les humains et les arbres peuvent se réconcilier. »
Extrait de la présentation du livre de Gaspard d’Allens sur le site des éditions Seuil. Sources documentaires : « Rapport sur l’état de nos forêts et leurs devenirs possibles (2013) par des habitants du Plateau de Millevaches » ; « Le temps des forêts » (2018) ; film documentaire de François-Xavier Drouet et « Main basse sur nos forêts » (2019) de Gaspard d’Allens, éditions Seuil-Reporterre.
C’est l’histoire d’une ancienne attraction foraine dite Mur de la mort qui fut l’une des plus prestigieuses en son temps (à son apogée dans les années 50). Son architecture est faite de métal et de bois. Les spectateurs gravissent les rampes d’accès et se retrouvent au coude à coude autour d’une immense cuve de bois dans laquelle des pilotes à moto exécutent des acrobaties vertigineuses. Nous l’avons achetée et restaurée en 2004 avec une bande de copains, inscrit à l’inventaire des monuments historiques, nous avons créé des spectacles à l’intérieur et autour. C’est notre aventure qui est racontée dans cette grande fresque.
Nicolas Jounin est sociologue, il s’est immergé durant une année dans le monde du béton armé parisien, en tant qu’ouvrier. Il retrace dans son ouvrage l’itinéraire de son enquête. Au fil des expériences et des rencontres, il expose les conditions d’emploi et de travail liées au recours croissant à la sous-traitance et à l’intérim : division des collectifs ouvriers, infériorisation et culpabilisation des sous-traitants et des intérimaires, pratiques illégales d’employeurs, contradictions pesant sur la sécurité au travail, recours massif à une main-d’œuvre étrangère fragilisée et parfois sans papiers, racisme et discriminations... C’est de cette enquête que traite ce dessin.
Ce dessin relate l’affaire Bettencourt déclenchée en juin 2010 par la publication par le journal en ligne Mediapart des enregistrements réalisés clandestinement par le majordome de Liliane Bettencourt, première actionnaire du groupe L’Oréal et l’une des premières fortunes de France. La divulgation de ces enregistrements met en lumière différents conflits d’intérêt entre Liliane Bettencourt et des hommes politiques comme des hommes de compagnie ou dits de confiance. Ils révèlent également que de nombreux actifs n’ont jamais été déclarés au fisc comme notamment l’île d’Arros dans les Seychelles. Le titre de ce dessin est tiré d’une conversation entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre son gestionnaire de fortune.
Ce dessin présente le récit d’un voyage au Texas.
Il s’agit d’un travail d’interprétation du livre de l’auteur tchèque Patrik Ourednik (éditions Allia). Le narrateur part du postulat selon lequel le passage en l’an 2000 allait provoquer le grand bug du millenium, réduire les mémoires numériques à zéro, comme si le XXe siècle n’eût jamais existé. Il part alors à la recherche de la mémoire de ce siècle foisonnant d’innovations, de bouleversements économiques, industriels, culturels, idéologiques, philosophiques, scientifiques et politiques. Le récit se déroule sans chronologie, en éruption des grands et petits moments de l’Histoire qui surgissent par association d’idées. Ce dessin en est une illustration cartographique. La carte de l’Europe est centrale et renversée, comme ce siècle bardé d’innovations, de bouleversements, de révolutions politiques et technologiques.
Sauf mention contraire les textes de cette page ont été écrits par Laurie-Anne Estaque.