La prairie du Domaine de Chamarande fut un jardin à la française, ponctué de compositions végétales et de jeux d’eau. Suzanne Husky fait écho à ce jardin disparu en réalisant un gigantesque labyrinthe botanique. Mais, cette fois, ses choix sont dictés par les besoins de la terre, le cycle du vivant et la relation des espèces avec leur environnement : usage du labour naturel, compost urbain pour une fertilisation naturelle du terrain, puis plantations réalisées selon les besoins des oiseaux et des insectes. Un mélange de variétés produisant de nombreuses graines fournira une source d’alimentation aux oiseaux granivores, tout au long de l’automne et de l’hiver. Un mélange mellifère destiné aux grands espaces fleurissant l’été constituera une alimentation idéale pour les abeilles domestiques. Le tout favorisant le brassage génétique et la diversité biologique du site. En travaillant avec le vivant, ce jardin s’oppose à la necronomie (économie basée sur la mort) de notre temps. Cette création unique amène également le visiteur à réfléchir à ses impacts sur l’environnement, car il cache en son cœur un jardin du futur, celui qui, à cause du changement climatique, sera composé de plantes adaptées au climat de demain.
Lauranne Germond
commissaire associée au Domaine de Chamarande