L’espace urbain du parc du Fabric District est imberbe et tondu, le sol a été bâti, puis remblayé, et terrassé. Avec Groundswell, nous installons deux corridors de vie — l’un souterrain, l’autre en surface — qui se déploient entre les arbres périphériques existants.
Sous terre, le sol est régénéré par l’apport de tontes de gazon, de vieux fumier, de feuilles et de paillis plusieurs mois avant la biennale afin que les processus naturels de décomposition ou de fermentation puissent être activés. Puis une ligne continue d’arbres, d’arbustes et de plantes vivaces est plantée pour relier les arbres déjà présents. Ce dispositif a pour objectif de favoriser la création d’un corridor mycélien : les réseaux de champignons qui vivent sous les arbres établis peuvent ainsi se déployer et soutenir l’adaptation des nouvelles plantations dans ce sol transformé.
Ces zones, préservées du piétinement humain, stimulent la vie fongique, la microfaune et l’augmentation de la population de vers de terre. Les feuilles mortes tombées nourrissent en continu la terre, qui s’enrichit au fil du temps. Aucune intervention humaine n’est prévue sur ces espaces : la nature y suit son propre rythme.
En surface, ces bandes végétalisées offrent un refuge aux petits oiseaux, incapables de traverser de vastes zones dégagées sans abri. Les arbustes accueillent leurs nids, leurs déjections fertilisent le sol, et les plantes abritent les insectes qui nourrissent et pollinisent à leur tour. Ces corridors arbustifs deviennent ainsi des lieux de passage et de halte pour les oiseaux migrateurs, les insectes et la flore locale.
Certaines espèces florales sont semées à partir de graines — glands, chênes, frênes… — afin de préserver la diversité génétique. Contrairement aux plants clonés des pépinières, les plantes issues de semis donnent naissance à des êtres uniques, porteurs de nouvelles adaptations face aux conditions climatiques changeantes.
Un mobilier d’assise est conçu et réalisé par l’architecte Miodrag Stoianov.
Suzanne Husky
Crédits photographiques : Suzanne Husk