Entretien avec Agnès Aubague

Solenne Auger, 2012

Solenn Auger : Pourquoi as-tu choisi le mot bureau ?

Agnès Aubague : Au-dessus de l’ancien appartement que je louais à Bordeaux, j’avais squatté le grenier et je l’avais transformé en atelier/bureau. J’avais mis sur la porte d’entrée le mot « bureau » car je n’en ai jamais vraiment eu un, une manière d’être une artiste studieuse et de choisir mon étiquette en proposant un questionnement métaphorique et dilettante sur notre rapport au monde du travail. Le Bureau©, outil, objet, lieu de travail, de recherche et de déplacement phagocyte toute ma vie, et mon atelier-logement à Paris. C’est un concept-valise qui s’empare de tout ce qui l’intéresse, à travers les images, les choses et les mots.

S.A : Depuis quand tu collectionnes ces objets, ces œuvres d’art ?

A.A : Ces pièces sont issues d’échanges avec des artistes, de rencontres, de trocs, de brocantes, d’héritages de familles... Cet ensemble, comme un imagier, s’est constitué depuis longtemps mais l’idée de faire voyager La Collection de « clou à clou » m’est venue il y a un an environ. Certaines sont des œuvres d’art, d’autres des jouets de mon enfance, des icônes religieuses, agrémentées de végétaux, par exemple Eguzki-lorea, la fleur du soleil, le chardon porte-bonheur basque... C’est comme un cabinet de curiosités du 20e, 21e, et 22e siècle, que je veux promener avec moi.

S.A : Comment cette collection va-t-elle évoluer ?

A.A : Je vais peut-être continuer à intégrer d’autres séries parce que je me suis rendue compte  que je suis un peu comme Henri Cueco, « collectionneuse de collections ». Par exemple des objets « auto-historiques », comme la photo de Ghislain Mollet-Viéville et moi. Mais aussi certains autoportraits, tous mes agendas depuis 1985, un kilo de stylos, des objets liés à mes idées féministes... Ce à quoi je tiens et que je garderais si on m’abandonnait sur une île déserte ! La Collection va continuer à voyager dans des lieux privés, des ateliers, associations, cercles d’artistes et de collectionneurs (j’ai commencé une collection de collectionneurs d’ailleurs)…