Enquête avec quelques pizzas

Ce roman raconte deux récits enchâssés. Une année fictive qui décrit la mise en œuvre d’une expérience, et une année réelle dans laquelle il ne réalise pas l’expérience. Les deux versants de l’histoire contiennent leurs lots de péripéties, se font écho, sont poreux et influent l’un sur l’autre.

Matthieu Sanchez

 

 {Enquête avec quelques pizzas}, 2017
Enquête avec quelques pizzas, 2017
Récit/Roman, 11 x 18 cm, 100 pages
Crédit photographique : Matthieu Sanchez

 

Mon projet c’était de ne rien faire pendant un an. Je crois que chaque individu tentant de ne rien faire construit un ne rien faire différent des autres - mais cet été là je ne me posais pas tant de questions. Je cherchais juste comment m’y mettre. [...] Plus j’y pensais, plus ça me paraissait dur de s’y mettre. J’avais TANT de choses à faire autres que ne rien faire. [...] Je devais me rendre à l’évidence. Le projet était IRRÉALISABLE.

Un mois plus tard j’étais toujours chez moi entre mes cartons, alors m’est venue une idée. J’ai décidé de le raconter par écrit, raconter le ne rien faire comme s’il avait été possible. J’ai sorti du papier, des feutres, un ordinateur, une machine à écrire. J’ai disposé le tout sur une petite table de camping pliante. Puis je suis allé à la cuisine. Là j’ai installé deux tranches de pain de mie dans le grille-pain. Il me fallait me mettre dans la peau de moi-même ayant eu envie de ne rien faire afin de comprendre COMMENT ça aurait pu être possible. Le récit que je m’apprêtais à écrire était la RECONSTITUTION du ne rien faire. C’est dans les détails de cette reconstitution que je devrais chercher la raison coupable de m’avoir poussé à défier ce projet. En somme, je raconterai l’histoire d’un autre moi qui n’enquêterait pas sur la question du ne rien faire mais qui, simplement, ne ferait rien. Je suis allé dans mes cartons et j’ai recherché une vieille boîte de Turrón mou espagnol - que j’ai disposé sur une assiette à droite de mon clavier. [...]

Extraits du roman Enquête avec quelques pizzas, 2017