Dum-dum

{Dum-dum}, 2008
Dum-dum, 2008
Contreplaqué, acrylique, 680 x 420 x 18 cm
 
Vue de l’exposition « MySpace », Galerie de l’école des Beaux-Arts, Rennes
Commissariat Francois Aubart
Crédit photographique : tous droits réservés

 

Cette prise de liberté face aux règles d’analyse de l’histoire est rendue possible par l’apparition d’un nouvel acteur, l’utilisateur qui désormais veut pouvoir faire l’expérience des phénomènes qu’on lui présente. Refusant d’être uniquement récepteur, il se préfère participant. Pierre Labat applique ce postulat à l’espace d’exposition dont il offre à ses visiteurs une autre approche. Réemployant les modalités d’apparition de la sculpture minimale, ses oeuvres s’expérimentent physiquement. Elles s’affirment comme totalement soumises à leur contexte de monstration qui s’en trouve reformulé. Dum-dum (2008) reprend ainsi à Lucio Fontana son motif de l’entaille. Chez ce dernier, il s’agissait d’ouvrir vers un autre espace qui transcende l’espace plan du tableau. Chez Pierre Labat, c’est l’espace d’expérimentation de l’art qu’il s’agit de dépasser. La déformation du mur ouvre une nouvelle modalité de perception où l’oeuvre ne se dévoile que dans l’expérimentation faite par le spectateur. Sa forme est reprise d’une fameuse balle explosive, désormais interdite, mais dont le principe est reproduit en faisant une encoche cruciforme sur les balles. Ici encore on pense à une artiste ayant tenté de dépasser la nature de la peinture, Niki de Saint Phalle, qui réalisait ses oeuvres en tirant au fusil sur des ballons remplis de peinture. Ce geste destructeur est remis en jeu sous une forme ludique et désabusée. Car comme on peut le constater, derrière Dum-dum, il y a fatalement un autre mur. Autrement dit, ce rapport d’étroite dépendance entre l’oeuvre et son lieu de réalisation s’accorde avec l’affirmation de l’impossibilité de s’en extraire totalement. A ce refus radical on préfère l’intervention et la manipulation. [...]

François Aubart, texte du catalogue (extrait)

 

© Adagp, Paris