Diffractis au jardin #8

Entre architecture et paysage, se glisse le jardin. Intime, habité et en constante transformation. On y expérimente donc le temps : celui qu’il fait mais également celui qui passe. Pour le·la jardinier·e, il nécessite un engagement permanent, un labeur sans fin et en même temps il engage à la flânerie, au rêve. On y pratique volontiers la convivialité et le partage : boutures, graines, connaissances et plaisir.
Créé sous forme associative en 2006 pour développer un corpus de programmation éclectique dont l’exigence première est le partage, le collectif Diffractis ne cesse depuis d’interroger des formes de « monstration » mettant en question les « usages de l’art » et leurs espaces. Ainsi nous avons pu expérimenter, vivre et confronter parfois, durant ces années différents dispositifs qui nous amenaient à mettre en jeu et en question, notre création, en même temps que notre capacité de relation. Exposer au sein d’un lieu dévolu et conçu pour l’exposition, ou exposer dans un espace privé en collectif, engagent déjà un rapport différent avec le regard de l’autre sur l’œuvre, artiste ou visiteur·se. Exposer dans un lieu intime, habité, impose encore un point de vue sur les fonctions de l’œuvre différent.
L’expérience d’un parcours d’œuvres en jardins ou maisons privées sur un territoire donné propose ensuite une nouvelle dimension. Se mêlent ici les strates habituelles de « la mise en commun » pour les artistes et celle de « la mise en regard de son œuvre » mais aussi le contrat d’une complicité nécessaire avec l’hôte jardinier·e ainsi que la nécessité de saisir et faire sien un moment le « terreau » dans lequel il ou elle vit, son quartier.

Collectif Diffractis, extrait du texte de présentation du projet, 2022