Le projet s’appuie sur une collaboration entre une scientifique et un artiste. Les marais côtiers de Charente-Maritime sont leurs terrains. La géographe Anne Gassiat et l’artiste Olivier Crouzel y ont rencontré entre 2019 et 2020 une vingtaine d’acteurs (dont 9 sur l’île de Ré) au cours d’entretiens semi-directifs afin de récolter leurs points de vue face à l’élévation du niveau de la mer. Ils ont sillonné, à pied, à vélo, sur le continent les marais de Brouage et de Tasdon, et au nord de l’île de Ré le marais du Fier d’Ars. Chacun avec son matériau, des entretiens et des vidéos, a poursuivi son processus de travail : retranscription et analyse thématique des entretiens pour la scientifique, classement et montage des vidéos pour l’artiste. Toute cette matière a nourri une œuvre hybride impliquant une double approche, artistique et scientifique. Un pas de côté sur la façon de faire : de la science pour l’une, de l’art pour l’autre.
Cette installation vidéo et sonore n’est ni un documentaire, ni une œuvre d’art. Elle peut être considérée comme un nouveau savoir où la connaissance s’exprime de manière sensible dans l’œuvre. Plus évidente pour l’art que pour la science, cette sensibilité ouvre sur la complexité du monde qui nous entoure et découvre l’invisible.
Que devient la nature quand le niveau de la mer monte ? L’objectif du projet est de proposer des éléments de compréhension et de contemplation. Observer autrement la place que l’homme laisse à la nature dans ses aménagements.
Les digues illustrent notre relation au monde, avec leurs faiblesses et leurs forces. Elles reflètent la façon dont les hommes sont à la fois capables de mettre la nature à distance, en élevant des murs, et de la prendre en considération en lui réservant des espaces dédiés, comme la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges. Entre les marais et la mer, il existe un entre-deux, véritable interface entre l’homme et la nature : les digues.