Valérie Damidot : Salut Phil !
Le copain : Salut Valérie !
Valérie Damidot : Alors, racontes ! C’était comment ces vacances ?
Le copain : Je suis parti deux semaines en Bretagne à Roscoff. Puis je suis descendu en Vendée. C’est bien la Vendée. C’est très épuré, très doux. Et toi Valérie ?
Valérie Damidot : Moi j’ai fait du tri dans la maison, tranquillement. J’avais des tonnes de dossiers quand j’étais CPE.
Le copain : À l’époque tu t’es dit : « C’est sympa les gosses ! J’en ferais bien mon métier ! »
Valérie Damidot : Voila Phil !
Phil : Tu m’en as très peu parlé.
Valérie Damidot : Au commencement j’étais conseillère principale d’éducation à Paris. J’ai été mutée à Lyon. Ensuite on me propulse au lycée du « PIC NOIR » à Chapiron sur Yonne. J’y suis restée de 2007 à 2009.
Le copain : Petite cachottière, dis moi tout.
Valérie Damidot : septembre 2007.
Jeanne Piau la directrice (ou proviseur) : « Nous sommes très bien classés. Nous avons un taux de réussite au bac très satisfaisant. Je compte sur vous pour nous maintenir à la même place. » Le temps passe, le temps passe, le temps passe. Une élève de la seconde C attire mon attention.
Le copain : Qui était cette élève Valérie ?
Valérie Damidot : Marlène Schiappa. Une fille très mignonne, déterminée. Je l’aborde : « Tu voudrais faire quoi plus tard ? »
Marlène Schiappa : « De la politique ».
Un jour Marlène Schiappa rencontre Jean-Paul Belmondo, un élève de terminale. Elle devient sa petite amie. Un lundi d’octobre Jean-Paul lui fait :
« Je t’invite en soirée, je t’invite le week-end ! Tu n’en fais qu’à ta tête, tu refuses de m’aimer. »
« J’ai des problèmes de famille ! » : lui répond Marlène.
Jean-Paul se penche : « C’est ça fait la conne avec moi. »
Le soir même Marlène envoie un SMS à Jean-Paul : « TU ES UN HISTRIONIQUE . »
Le lendemain Marlène termine un exercice de physique au foyer.
Jean-Paul arrive. Jean-Paul gifle sa copine. Marlène Schiappa tombe de sa chaise. Il prend son sac, le renverse. Marlène reçoit tout sur la tête.
Jean-Paul jette le sac, prend Marlène par les cheveux, lui dit droit dans les yeux : « Tu crois que ça va s’arrêter comme ça. Tu es ma fiancée. J’attends tes excuses. T’entends dégénérée !!! » Il repart.
Marlène Schiappa va voir deux filles de sa classe : Louise Hamilton et Élise-Betty.
Elles lui font : « Quitte ce gars.
Marlène Schiappa : Quand ?
Les filles : Vendredi.
Marlène Schiappa :Pourquoi ?
Les filles : Parce que tu auras samedi et dimanche pour t’en remettre. Écris lui une lettre. »
Marlène écrit sa lettre, la donne à Jean-Paul. Il la lit.
Jean-Paul déchire la lettre, jette les papiers. « Allez-y » : ordonne Jean-Paul. Deux filles et deux gars de terminale s’avancent vers Marlène, l’encerclent. Coups de poing, coups de pieds, elle tombe par terre. Les surveillants numéro 1 et 2 se précipitent sur les agresseurs en aboyant.
Hugo, à son collègue : « Occupe toi des deux nanas ! » Henry-Moustafa prend les deux filles par le col, Hugo pareil. Il fait à l’un des garçons : « Vas-y tais toi ! » Je sors de mon bureau, je vais voir Jean-Paul Belmondo.
Je lui dis très gentiment : « Vous me suivez monsieur. » On va tous chez la directrice, on lui explique ce qui s’est passé.
Jeanne tranche : « Bon, trois semaines de renvoi ! »
Je lui dis : « C’est tout. »
Jeanne : « Si vous avez une meilleure idée soumettez la ! »
Valérie Damidot : Je donne ma proposition : « Je veux que Jean-Paul et ses complices réfléchissent à leur conduite. Ils écrivent un texte. Ils le font signer par leur parents. Ils me ramènent le texte à la fin des trois semaines. »
Les semaines passent, Marlène Schiappa se croit sortie d’affaire, splatche !!!
Le copain : Le copain : Mon dieu, mon dieu. Que va t-elle se prendre encore ?
Valérie Damidot : La directrice la convoque début novembre.
Jeanne lui confie : « Bérangère votre maman m’a raconté des choses sur Claudio, votre père. Prenez vos distances avec lui, effacez son numéro.
Bérangère : Qu’est-ce qu’elle vous a dit sur mon papa ?
Jeanne : Il vous a fait des choses.
Bérangère : Ma mère vous ment.
Jeanne : Si, si, votre père vous a violée mais vous étiez trop jeune pour vous en souvenir. »
Un silence.
Valérie Damidot : Marlène Schiappa reprend : « Bérangère vous balade. Je connais très bien son mode de fonctionnement. Elle essaye de vous manipuler pour garder la main mise sur moi. Votre mère et une femme responsable et si c’est une femme responsable c’est qu’elle a forcément raison. »
Affaire classée, fin de l’histoire.
Le copain : Pauvre petite Marlène.
Texte de la performance (extrait 1).
Valérie Damidot : Affaire numéro 2 ! Ça se passe avec Sophie Marceau, une élève de seconde B. Béatrice, sa mère, est dessinatrice de BD. Son nouveau mec a 29 ans. Il s’appelle Sébastien, il est artiste peintre. En début d’année, Sophie montre son emploi du temps à sa mère.
Béatrice lui fait : « C’est du sérieux, génial ! Tu participes à tous les ateliers extra scolaires ! »
Pour Sophie tout roule. Elle dit à ses copines : « J’ai que des bonnes notes. »
Sophie Marceau tombe amoureuse de Daniel Radcliffe, le meilleur ami d’Emma Watson. Un après-midi Sophie Marceau invite Emma Waston.
À la fin de la journée Emma revient vers Daniel : « On a fait des jeux. À chaque fois j’ai perdu, c’était prévu. Sophie a quelque chose contre moi. »
La semaine suivante Daniel Radcliffe va voir Sophie : « On est sorti ensemble, c’était une très mauvaise idée. Emma m’a ouvert les yeux sur toi. »
On est fin février. Sophie Marceau reçoit son bulletin.
Béatrice lit le bulletin, lance à sa fille : « Un coup pareil c’est la première fois !
Sophie Marceau : Les profs d’ateliers nous font travailler comme des acharnés, j’ai été plaquée par mes copines et mon mec, en cours c’est trop dur !
Béatrice met une baffe à Sophie.
Sébastien, le beau père : « Tu te remets au boulot, tu ranges ta chambre !
Sophie Marceau : C’est ça ! » Sophie claque la porte.
Aujourd’hui c’est jeudi. C’est l’heure de l’heure de la pause. Je suis sur ma tablette. Je vois un fauteuil à moins 60%. Yes ! Hugo débarque : « Valérie c’est grave.
Valérie Damidot : Qu’est-ce qu’il se passe ?
Hugo : Tu vas voir. »
J’arrive au préau : des flaques de sang sur le plafond, sur les murs, sur le sol.
Valérie Damidot : « Y’a eu un meurtre ?
Hugo : Une tentative de meurtre. » : me fait Hugo.
Élise-Betty, la copine de Louise : « Sophie Marceau a poignardé Daniel ! »
À deux mètres, Guillaume Segond, l’infirmier, nous fait une crise : « Reste avec nous Daniel, reste avec nous ! »
Henry-Moustafa, le surveillant numéro 2 : « Appelle le 15 ! » J’appelle.
Guillaume Segond : « J’ai besoin de renfort ! »
Je cours chercher Jérémie : 17 ans, seconde A, volontaire chez les pompiers. Guillaume et Jérémie continuent les premiers secours, le 15 arrive. Verdict : hôpital de Joigny pour Daniel Radcliffe.
Jeanne Piau la directrice accourt à son tour : « Faut m’effacer ces traces de sangs, l’inspecteur d’académie doit passer ! »
Romain, l’agent d’entretien : « Quand ?
Jeanne Piau : Ah j’en sais rien ! Il a téléphoné hier pour me dire : ’’Vous aurez un contrôle.’’ Point final. »
Romain s’active. Il s’acharne, il s’acharne, il s’acharne sur les traces. Il revient voir la directrice : « J’ai tout fait, j’ai tout essayé, y’a rien à faire.
Jeanne Piau : Dans ce cas repeignez toute la cour en gris, changez les portes des toilettes, et mettez du blanc sur toutes les surfaces intérieures du préau. Vous commencez samedi vous terminez dimanche. »
Je vais voir Romain : « Y’aura Sophie Marceau pour vous aider ! Au bout d’un moment faut qu’elle comprenne. Acharnez-vous, faites-la crever, devenez Monsanto. »
J’arrive le lundi. Tout est peint, tout est propre. Maintenant Sophie Marceau doit s’occuper des sanitaires.
Phil : Tu voulais vraiment la faire payer Valérie.
Valérie Damidot : Oui Phil.
Sophie contacte un vendeur : « Il nous faut des portes bleues de 3m10 par 1m10 à hublots ronds.
Le vendeur : Rupture de stock.
Sophie : Vous en aurez quand ?
Le vendeur : On en fait plus. »
Sophie contacte un deuxième vendeur : « On en fait en jaune, en rose, ou en vert. »
Sophie : « Livrez-moi les vertes et j’irai les bomber toutes en bleu. »
Les portes vertes arrivent. Sophie commence à les transformer.
La directrice : « Arrêtez tout de suite ça fait cheap ! »
Sophie contacte un troisième vendeur : « On en fait que des noires à hublots carrés. »
Sophie va voir Jeanne : « Je fais quoi ?
Jeanne, la directrice : Cette histoire me tape sur les nerfs ! Commandez les portes noires et basta. »
Théo, le trésorier : « Trop de dépenses ! »
Jeanne, la directrice « Tant pis pour vous ! »
Je dis : « C’est très bien. En attendant y’a les portes vertes qui traînent.
À la décharge ! » : nous ordonne la directrice.
Adrien, le prof. d’allemand : « Des portes neuves, vous plaisantez ! »
Une ampoule s’allume dans ma tête.
Valérie Damidot : « On enlève les charnières, on fixe des pieds. Ça fera des bureaux. »
Hugo : « Ça nous avance à quoi ? »
Je le rassure : « C’est pour ta copine Julia, la deuxième prof. d’arts plastiques. C’est toujours la même chanson : ’’ Je peux plus les voir bosser sur du A4, ils leur faut du format raisin, du double raisin, du quadruple raisin. Donnez-moi plus de tables. Je veux qu’ils s’expriment ’’. »
Adrien le prof. d’allemand va voir Julia : « Tu voulais des tables. Bah t’en as. »
Julia Blain s’avance, regarde, demande : « Qu’est-ce que c’est ?
Adrien : Le recyclage de Valérie. »
Elle regarde à nouveau : « C’est pepsi. J’adore. »
Adrien : « T’aimes le vert fluo j’espère ?
Julia Blain : Évidemment. Tout est beige du sol au plafond dans ma salle de classe on peut mettre ça. » Julia termine : « Mes élèves mettront les pots à crayon dans les hublots. Ça traînera plus. »
Le copain : Intéressant Valérie. Tu avais déjà des prédispositions refoulées pour les aménagements intérieurs.
Valérie Damidot : Exactement Phil.
Voilà la vie trépidante de Sophie, affaire classée, terminé. Mai arrive. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent. Septembre sonne à ma porte. C’est la rentrée, tout va bien, tout le monde est content. Les problèmes reviennent. Affaire numéro 3.
Texte de la performance (extrait 2).