[...] Marie Sirgue se soucie peu de duper le spectateur — du reste ses œuvres ne se donnent pas pour autre chose qu’elles ne sont —, elle chercherait plutôt à le détromper, en jouant avec lui et non en se jouant de lui, et si elle détourne des marques prestigieuses, si, avec un souci du détail dans l’imitation que l’on rencontre chez les faussaires, elle emprunte leur griffe à des objets que l’on peut voir derrière les vitrines blindées de la Place Vendôme ou de la rue du Faubourg Saint-Honoré, si elle use pour fabriquer ses pièces de matières premières sans pedigree, l’aluminium employé pour l’emballage des plats cuisinés par exemple, c’est, entre autres choses, afin de dénoncer, mais sans pathos, le pouvoir mystificateur des emblèmes les plus voyants de la réussite pécuniaire.[...]
Gilbert Pons, « Marie Sirgue, fausses contrefaçons & autres facéties », 2012 (extrait)