Cobalt est une installation née après un voyage de Marseille à Cosenza en Italie, une traversée faite d’explorations et de découvertes au guidon d’une moto. La peinture et les églises ont nourri le voyage. Les couleurs, les odeurs, le vent, la pluie définissent mon rapport au paysage et à l’architecture. La route se déroule avec des ponts et des tunnels. Le ciel se déploie en flash à la sortie du tunnel. L’horizon est blanc, le ciel est souvent bleu. Il fait froid. La campagne se voit depuis la route, c’est vert, il y a des rochers et aussi des maisons. Dans ma tête se font des allers-retours incessants entre mon désir et l’environnement immédiat. Kilomètre après kilomètre, Cobalt se développe comme un arrangement entre deux mondes. Consenza est l’aire de jeux de cette recherche. L’église du couvent San Francesco di Paola abrite un magnifique dégradé du blanc au bleu en mosaïque. Le ciel a des étoiles. L’installation Cobalt est fragmentée. Les éléments dialogues entre eux. Parfois, le lien reste obscur. La peinture est présente. Un verre transparent aux bords biseautés est accroché. Il a une vague forme d’écusson et un petit pansement en pate à modeler gris clair à l’angle droit. Il repose au mur sur deux équerres, une cheville sur l’équerre de droite sert à mettre le verre à l’horizontale. La question du regard se pose. Il faut tout regarder, le white cube n’est jamais totalement blanc. Le lieu impose sa grammaire. Ici, une pierre recomposée de forme circulaire, ferraille apparente, est posé au sol avec des traces de terre. L’action est là. Un t-shirt peint d’un dégradé du blanc au bleu est suspendu à un cintre accroché au mur par une vis. La peinture n’est pas uniforme, il y a des manques. Les prises électriques ont des ampoules comme des étoiles. Une chaise marron a une palette de bleu comme une écriture. La tête me tourne, c’est agréable. Quatre petits dégradés bleu peint sur des caches électriques sont comme des ciels retournés. Sur le mur, les appliques sont allumées. La peinture est blanche, le sol en stratifié gris résonne sous mes pas.
Ibai Hernandorena