« Qu’est-ce qu’évoque pour vous l’idée de patrimoine ?
Comment définiriez-vous votre travail dans le contexte de la chapelle et du cloître de l’Annonciade ? »
Pour répondre à cette question tout en respectant l’esprit qui structure les productions de Michel Herreria, il faudrait évoquer ici les figures tutélaires de Bourdieu et de Tati. Bourdieu pour nous permettre de comprendre tous les enjeux, les désirs, les illusions et les désillusions qui se cachent derrières les gestes, les mouvements, les situations du monde du travail. Tati pour révéler l’absurde et le comique de ces situations. Dans cette logique, nous pouvons répondre à votre question par cette autre question : comment changer une ampoule dans une administration ? Un personnage se lève pour constater qu’une ampoule ne marche plus, il va chercher un autre personnage qui fait le même constat. Aucun n’est assez grand pour atteindre l’ampoule. Il faut chercher une échelle. Faute d’échelle, il faut trouver un quelconque rehausseur. Après quelques minutes d’agitation, un autre constat s’impose, il n’y a pas d’ampoule de rechange. Voilà la peinture d’une situation telle que Tati le fait dans Mon Oncle ou dans Play Time.
Une autre image s’impose dans le dispositif mis en place par Michel Herreria, celle des personnages fantômes écrits par Bioys Casares dans L’invention de Morel. Pour le spectateur extérieur il y a illusion, il croit voir de vraies personnes, ce n’est qu’un théâtre d’ombres, un monde inversé. Le même dispositif fût utilisé à Londres en 2004 par Michel Herreria pour une œuvre significative qu’il nomma : Activer le bonjour.
Pour réponde enfin à votre question avec les mots de Michel Herreria, il ne faut pas oublier les êtres humains dans la valorisation des pierres. Valorisons le patrimoine humain !
Entretien mené par Jean-François Dumont (extrait)