
Vue de l’exposition C’était mieux après, Galerie Alain Gutharc, Paris, 2024
Bâtisseur de mondes, son peuple amène l’eau et la vie
Par passion il endigue, créant barrages et eaux profondes
Poissons plantes oiseaux abondent où il bâtit
Bibracte fut son allouée déesse féconde
Chassé pour ses marais et tourbières,
Ses riches terres réjouissent encore le fermier
Créateur de paradis, il fait venir vie et eau claire
Sa puissance avec le temps est oubliée
Pour des chapeaux de mode, il est massacré
Sa fourrure troquée contre nos terres asséchées
Le cours d’eau s’enfonce, la source tarit
Le feu galope
Reccueillons celui qui sait étancher la soif de nos terres
Bièvre, bâtisseur de mondes, reviens amplifier nos vies
Bièvre, bâtisseur de mondes s’inspire de l’esthétique médiévale pré-capitaliste dite des Mille Fleurs. À la place de la licorne ou du cerf, Husky introduit dans cet univers fourmillant de vie, le castor, un animal discret, humble et patatiforme mais dont l’histoire écologique et économique est considérable. Le castor a façonné les paysages et les rivières, construisant barrages et bassins qui amplifient la vie végétale animale et fongique. Il a été chassé pour sa valeureuse fourrure et son castoreum, mais aussi face au désir de contrôle humain des rivières et des moulins.
La tapisserie célèbre la puissance réelle du castor, non pas le capital que son corps mort produit mais l’abondance qu’il génère quand on le laisse façonner le monde. Suzanne Husky inscrit le castor dans une tradition visuelle historique tout en offrant une lecture contemporaine et militante, soulignant l’importance de reconnaître les contributions invisibles et essentielles des espèces et des écosystèmes dans la construction de nos territoires.

Courtesy Suzanne Husky & Galerie Alain Gutharc
Crédits photographiques : Aurélien Mole