Bel air, 2024
5 sculptures sonores. Linoléum, sandow, structures en métal galvanisé, dimensions variables
Production : BAM Projects dans le cadre de la résidence Prismes
Dans le cadre d’une commande publique dédiée à la cité Bel air d’Ambarès et Lagrave,
j’ai souhaité une œuvre artistique éphémère qui rende hommage à ce quartier et à ceux
qui s’y sont abrités un temps, puis qui ont dû ou qui doivent, aujourd’hui, le quitter.
Le quartier Bel air fut construit à la hâte, dans les années 60, afin d’accueillir les personnes
prises dans les mouvements de migration comme le furent les rapatriés d’Afrique du
Nord, les Vietnamiens et les Espagnols. Bien qu’encore habité, ce quartier populaire, lieu d’accueil et de passage, est aujourd’hui en attente d’une démolition prochaine. Il appartient déjà au passé.
L’œuvre Bel air se compose de deux propositions qui se font écho : l’une plastique et l’autre sonore.
Vues du vernissage, juin 2024
La cité Bel air est un ensemble architectural recouvert d’écailles. Ce sont des plaques
rectangulaires à dominante saumon, qui, disposées en quinconce les unes sur les autres,
forment un motif. Ce revêtement est apparu dans les années 1990 dans un souci
d’isolation thermique. Ce faisant, il a apporté un surcroît d’identité à une architecture
commune jusqu’à en faire une figure représentative du quartier.
J’ai utilisé ce système de tuilage pour recomposer des volumes indépendants, en
transposant ces écailles dans un matériau plus souple : le linoléum. Disposées sur des armatures rigides, ces surfaces composites prennent forme. Ces pièces, mobiles, sont à l’image des populations et des cultures qui se sont succédées dans le quartier avant d’essaimer et se mêler à la ville.
À cette recherche architecturale, j’ai associé la poésie du chardonneret, petit oiseau dont l’histoire est reliée aux questions culturelles qui me préoccupent pour Bel air.
Dans tous les pays et toutes les communautés du pourtour de la méditerranée, ce passereau fait l’objet d’une coutûme très populaire : l’oiseau, piégé, est mis en cage. Il est ensuite stimulé pour développer un chant particulièrement mélodieux.
Pour accompagner le mouvement des écailles de Bel air dans l’espace, j’ai invité les Ambarésiennes et Ambarésiens à apprendre le langage du chardonneret, mélange de sons glottaux et de sifflements.
Ces ateliers collectifs de « chants d’oiseaux » ont été menés par Loic Varanguien, performeur vocal.
Marie Sirgue
Crédits photographiques : Barbara Fecchio