Andar Imaginário

 

Exposition personnelle Andar Imaginário, galerie Celma Albuquerque, Belo Horizonte (Brésil), 2017
Exposition personnelle Andar Imaginário, galerie Celma Albuquerque, Belo Horizonte (Brésil), 2017

 

[...] En arpentant le terrain de ce vocabulaire inventé il y a environ un siècle, la carioca Duda Moraes peint La Huaca, Sacsayhuaman, Atahualpa et d’autres toiles d’une grande vigueur et éloquence, réalisées peu après son voyage au Pérou et qui intègrent son premier solo-show à Belo Horizonte. Ces œuvres portent, dans leurs titres et leurs tailles, les marques de son voyage non seulement physiques mais aussi sensibles aux terres voisines de notre pays. Ces vestiges chromatiques chargés de contrastes et de sensibilité explicite, renvoient justement à certaines ambitions du bref mais marquant mouvement orphiste et le déplacent temporellement en le reliant de façon singulière à la culture péruvienne, qui à son tour, assimile les traditions indigènes et espagnoles. Dans le mouvement opéré par Duda, l’avant-garde européenne dialogue et contraste simultanément avec les mythes ancestraux incas et le baroque particulier des Andes au beau milieu du Minas Gerais, réaffirmant la capacité de la peinture à associer poétiquement et conceptuellement des moments et des lieux souvent distancés par les historiographies figées.
Dans Coricancha, une toile de grand format qui mérite le détour, un disque jaune, dense et lumineux peint à l’huile, se situe au sommet du tableau et flotte sur des vélatures pour faire symboliquement référence au « temple d’or » inca situé à Cusco. Dans cette œuvre, des formes organiques, multicolores, qui parfois insinuent un certain caractère géométrique, tantôt se juxtaposent, tantôt s’entremêlent, concevant une sorte de paysage ou de construction inconsciente, suggérant les sensations du contact de l’artiste avec la puissance matérielle et immatérielle de l’édifice sacré en question. Pour Duda, peut-être est-il impossible de représenter exactement l’impact de son expérience lorsqu’elle pénétra dans cette enceinte singulière. Ainsi, le caractère fugace et louable de l’ambiguë abstraction de ce tableau sert magistralement à rappeler la perplexité que beaucoup d’entre nous ressentent en s’immergeant et en s’abandonnant corps et âme à certains espaces dédiés au sacré. [...]

Alvaro Seixas, Pèlerinage, 2017 (extrait)

 

 

 

 

Crédits photographiques : Duda Moraes